Mémoire en Médiation Culturelle
Paris Sorbonne-Nouvelle
2009-2010

 

Théâtre, Internet et Démocratisation

Evolution des supports et des stratégies de communication des théâtres par Internet et démocratisation culturelle

 

L’arrivée d’Internet dès la fin des années 90 dans le milieu culturel a bouleversé les modes de communication et les techniques d’approche des publics.

Les théâtres ont travaillé leur image sur de nouveaux supports (Chapitre 1). Leurs sites institutionnels sont souvent purement informatifs, et correspondent à la mise en ligne du programme de saison avec quelques applications supplémentaires, comme la possibilité de réserver et d’acheter ses places en ligne. Les blogs, encore peu utilisés par les professionnels des théâtres connaissent un grand succès au près des critiques professionnels ou amateurs de théâtre (par exemple lestroiscoups ou le blog du Tadorne). Seul le théâtre de l’Athénée possède un blog à proprement parler, et permet d’offrir aux publics une approche différente de la programmation et de l’actualité du lieu. Les réseaux sociaux sont de plus en plus utilisés par les théâtres et représentent un outil puissant en terme de communication. Les entreprises théâtrales pénètrent dans le réseau même de leurs potentiels publics, et établissent une véritable interaction, soit une communication sans intermédiaires. Enfin, les théâtres s’inscrivent de plus en plus sur les sites de vidéos tels que Youtube ou Dailymotion, offrant au public une vision de l’intérieur du théâtre : films de répétitions, des coulisses, des constructions de décors, ou encore le « teaser » du prochain spectacle.
Cette multiplication des supports numériques révèle une évolution des techniques de marketing culturel, recherchant d’avantage de proximité et d’interaction avec les spectateurs (chapitre 2). Les stratégies de communication et de marketing sur ces nouveaux supports s’inscrivent dans le prolongement de techniques du « marketing des arts et de la culture » tels que le positionnement dans le champ culturel (taille, statut juridique, nature des ressources), les fonctions et missions que choisissent les théâtres (registre artistique – encouragement à la création, diffusion, conservation ; registre social – mission éducative et d’accessibilité ; enfin registre financier – choix ou obligations budgétaires comme l’autofinancement, la rentabilité, la maximisation des profits, etc.), et l’étude des publics (segmentation, ciblage et stratégie de positionnement de l’offre).

Avec les nouveaux supports proposés par Internet, les théâtres doivent s’affirmer comme des marques aux identités franches. Cela passe avant tout par la définition d’une identité graphique et d’une charte : logo, couleurs, typographie, univers graphique. Ces éléments doivent être cohérents d’un support à l’autre afin d’être identifiés par le spectateur potentiel. Les choix des théâtres concernant la présentation de leurs sites (ergonomie, insertion ou non d’éléments multimédias, interaction possible avec les spectateurs…) ainsi que le choix des plateformes de contenus (blogs, réseaux sociaux, sites de vidéos, etc.) constituent l’identité numérique du lieu. Ces nouveaux procédés de communication ont abouti sur des formes inédites de rapport au spectateur, l’impliquant plus dans l’entreprise théâtrale, écoutant ses commentaires et instaurant ainsi une véritable interactivité. La démarche des théâtres de s’inscrire sur des sites au succès populaire tel que Facebook, permet de se tourner vers d’éventuels « non publics », de leur offrir une première approche du théâtre et de favoriser ainsi une forme de démocratisation culturelle. La diffusion à grande échelle des informations par Internet permet de toucher des spectateurs potentiels, qu’il aurait été impossible, ou du moins plus difficile, à atteindre sans (publics éloignés géographiquement, psychologiquement, intellectuellement, ou sociologiquement).

Si les théâtres travaillent à cette démocratisation, les enquêtes nationales réalisées par le ministère de la culture, et par Olivier Donnat sur les pratiques des publics ne révèlent pas des résultats probants (Chapitre 3). Les spectateurs réguliers, habitués au théâtre, ont de plus en plus recours à Internet comme moyen d’information, et l’utilisent de plus en plus comme outil pour diffuser leur propre critique. Mais le milieu théâtral reste confiné à une communauté d’initiés. On assisterait donc plus à une forme de démocratisation de la critique par Internet, qu’à une démocratisation, à proprement parler, de l’accès au théâtre.

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